carnet 12 Projection.

 

 

Projection.

 

 

 

 

Premières images du film, crépitement de la bande son.

 

 

 

    Une silhouette légère au milieu de l’ascension vertigineuse des poussières.
La fin d’une certaine réalité. Une mélopée funèbre sur l’horizon.
Les dernières images de cette jeune femme prises quelques heures avant les premiers largages.

 

 

    La collision entre certains groupes civilisés, des conflits d’intérêts et des punitions collectives brutales, la volonté de rendre le lieu infertile en vue de la reconstruction, une manne en vue de nouveaux marchés.
Faire plier l’autre à tout prix. Rendre dépendant celui qui n’a besoin de rien, aligner le vivant sur le non-être, coloniser entièrement le champ imaginaire et imposer l’arbitraire à tous comme vérité.
La scène suivante nous emmène loin dans des strates imaginaires, dans un lieu singulier ou l’intervention raffinée sur la nature n’a fait que de la rendre encore plus extraordinaire.

 

 

    Loin de ce qui s’est passé quelques minutes plus tard car à 17:42h les cent quatre-vingt-sept bombardiers de la première vague, dans un bourdonnement insupportable, larguèrent leurs 5984 bombes incendiaires sur les temples, sur les habitations, transformant le ciel clair en couverture noire sale. Les personnes qui n’avaient pas été carbonisées instantanément s’étaient transformées en larves humaines, laissant des traînées de peau comme la bave des limaces.
    Puis la deuxième vague de six cent nonante-deux avions et leurs 22144 bombes au phosphore transformaient les derniers survivants et rares infirmiers sur place en torches désarticulées.
Et que tout brûla pendant trois jours.

 

 

    Et que tous dans la salle de cinéma auraient voulu, le ventre serré, crier et frapper contre l’écran pour prévenir cette délicate pervenche du danger imminent mais qu’elle semblait refuser de nous entendre, ou, peut-être consciente de sa fin proche nous invitait à ressentir une de ces rares manifestations de la beauté…

 

Ce genre de beauté qu’émettent les choses peu avant de disparaître à jamais.

 
 

 

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