Carnet 16 [Les carnets malades 2] Sei Shonagon 清少納言

 

 

[Les carnets malades 2]  Sei Shonagon 清少納言

 

    Une amie qui essayait d’arrêter de fumer me dit que chaque fois qu’elle avait une envie de cigarettes, elle pensait à quelque chose de gai pour se détourner l’attention. Elle me fit une liste, reproduite ici dans son intégralité de ce à quoi elle pensait, comme l’avait fait plus de mille ans plus tôt la femme écrivain Sei Shonagon, sous le titre d’inventaires futiles.

 

 

 

    Une tortue sur le dos en plein soleil.
Une femme qui marche.
Des lèvres humides.
Un perroquet décortiquant une graine.
Des braises dans l’âtre.

 

 

    Une étoile filante en été.
Une soldanelle au bord du névé,
Des arbres sculptés dans un cimetière indien.
Des volets peints de rayures dans les vignobles.
Un tamanoir dans une prairie.

 

 

    Un verre de moût au soleil d’automne à Malval.
Trouver une plume bleue de geai dans la forêt.
Un conteneur renversé fumant sur la route.
Un câprier en fleur.
Une photo de pin-up collée au mur avec du dentifrice.

 

 

    Dormir en hiver sur une peau de mouton.
Une route sans trottoir.
Observer un animal sauvage dans la forêt.
Un chapeau de champignon dépassant des feuilles mortes.
Entr’apercevoir un coin de sous-vêtement.

 

 

    Un cadavre de garde du corps traîné derrière une voiture.
Puis pendu sous un pont.
Un fortin enfoncé dans le sable au bord de la mer.
Une ville en ruine.
Des jeunes en cagoule.
Une pousse verte sortant de terre au printemps.
Dormir comme deux chameaux séchant au soleil.
Faire l’amour au soleil.
mm.

 
 

 

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